Le Yoga et l'alimentation (partie 1)

 

 Version PODCAST à écouter  (Spotify)​


Comme le dit Kṛṣṇa dans la Bhagavad-Gītā, l’alimentation est cruciale :  

nāty-aśnatas tu yogo ’sti
na caikāntam anaśnataḥ
na cāti-svapna-śīlasya
jāgrato naiva cārjuna
|| 6.16 ||
yuktāhāra-vihārasya
yukta-ceṣṭasya karmasu
yukta-svapnāvabodhasya
yogo bhavati duḥkha-hā
|| 6.17 ||


Traduction

Pas de Yoga pour celui qui mange trop, 
Pour celui qui ne mange pas, 
Pour celui qui dort trop, 
Pour celui qui ne dort pas, 
Ô Arjuna.
|| 6.16 ||

Celui qui mange et vit intelligemment, 
Qui travaille sainement, 
Qui dort bien, 
Est soulagé par le Yoga
|| 6.17 ||


La difficulté de la traduction en français, ce sont les termes « mange intelligemment ». Le mot « intelligemment » est en fait une traduction du mot yukta venant de la même racine que le mot Yoga. Il n’y a donc pas de Yoga pour quelqu’un qui mange n’importe quoi ou n’importe comment. 

Il faut savoir que la nourriture est un des domaines fondamentaux de la médecine indienne traditionnelle. Il existe une science de l’alimentation traditionnelle. Laissez moi vous donner un exemple pour comprendre un peu ce que le mot « intelligent » signifie. 


Chaque aliment influence l'énergie 

Il est connu, en Occident aussi que les maladies sont présentes au sein des familles et se transmettent de génération en génération. A cette problématique, la science traditionnelle indienne a une réponse : la nourriture. En Inde, la nourriture est un médicament. Chaque aliment influence sur les énergies constitutives du corps que l’on appelle les dosha. Chaque maladie est le fruit d’un déséquilibre de ces énergies. Et donc…

Les plats et les recettes traditionnelle se transmettent de générations en générations. Par exemple, des plats préparés avec le fruit du Moringa Olifeira aident à prévenir le diabète, à prévenir le cancer et à diminuer l’inflammation. Les lentilles corail augmentent la constipation, mais constitue un bon remède à un excès de pitta. Le lait et le riz vont augmenter kapha et contenir pitta. Ce sont donc des aliments qui vont aider à diminuer des problèmes de colère et aider le corps dans des conditions liées à l’hyper-acidité, etc.


Les aliments : des médicaments

En Inde, les aliments sont des médicaments. Les recettes de famille sont transmises de générations en générations afin de contenir les potentiels de maladie liées à la génétique. Ces recettes sont d’autant plus précieuses que certains ensemble aliments utilisés ensemble peuvent se révéler toxiques (viruddha) lorsqu’ils sont mangés par une personne fragile ou sensible à certaines maladies (tout comme l’interaction entre plusieurs médicaments peut l'être chez nous).


Mieux manger, mieux pratiquer

Nous avons perdu cette science ou plutôt ne l’avons jamais développée en Occident. C’est pour cela qu’il est nécessaire de développer une attention particulière par rapport aux aliments que nous ingérons. Une chose est sûre: la pratique quotidienne va nous aider à bien sentir et à observer les effets de l’alimentation sur nous. Mieux nous mangeons, et mieux notre pratique sera efficace. 


Conseils alimentaires selon le Yoga

Voici quelques points d‘attention pour avoir de meilleurs résultats dans notre pratique de Yoga concernant votre alimentation. 

1) Ne pas trop manger

Nous mangeons trop et trop souvent. Les personnes kapha doivent  préférablement manger une grosse fois par jour car elles prennent beaucoup de temps pour digérer leur repas. Les personnes vâta se sentiront mieux en mangeant plusieurs petites fois par jour à des intervalles fréquents. Mais d’une manière générale, nous mangeons trop. 

Trois gros repas par jour, dans tous les cas, c’est trop. Il est bon de remplacer un de ces repas par des fruits, du lait, des noix, etc. Il est aussi important de ne pas manger dès que nous nous réveillons. Le feu digestif n’est pas suffisamment activé. Mieux vaut manger après la pratique ou attendre 10.00 ou 11.00 du matin pour avoir réellement faim. 


2) Ne pas manger de viande ou diminuer la consommation de viande

Contrairement aux idées reçues, la digestion fonctionne bien mieux sans viande. La viande est un des aliments qui prend le plus de temps pour être digéré. Elle reste longtemps dans l’intestin et s’y décompose lentement. Il est bien plus sain dans tous les cas d’éviter la viande rouge. Réduire la fréquence de l’absorption de la viande est une excellente idée. Nos ancêtres en consommaient une à deux fois par semaine, et non trois fois par jours. Il est faux de penser que nous avons absolument besoin de viande pour avoir suffisamment de protéines animales et de fer. Les lentilles, par exemple, sont bien plus riches et plus saines. Elles sont aussi très bonnes, je les mélange dans la cuisson avec le riz complet, par exemple, et c’est délicieux. 


3) Avoir de la gratitude pour la nourriture ou offrir la nourriture au divin. 

Réciter une prière ou prendre un moment de gratitude avant de manger est une manière d’honorer la nourriture. Savoir qu’elle n’est pas acquise une fois pour toute. Prendre le temps de l’honorer, c’est mettre une distance entre elle et nous. Nous ne nous jetons pas sur la nourriture. La bouche commence à saliver. Le corps se prépare à manger et à recevoir les aliments. Parallèlement, nous mettons toute notre attention sur le fait de recevoir la nourriture. Nous mangeons en conscience. Mettre en place un petit rituel avant de manger, c’est la garantie à long terme d’être plus heureux de manger, de cuisiner plus souvent, de manger moins et de mieux digérer. 


4) Savoir d’où vient la nourriture.

En Inde, nous pensons que l’énergie de la personne à qui on achète la nourriture ou qui cuisine change la qualité de celle-ci. Se nourrir auprès de personnes que l’on apprécie, qui sont éthiques, qui ont de l’amour pour la cuisine, pour le jardinage, qui sont honnêtes, tout ceci est incroyablement important. C’est pourquoi nous évitons d’aller manger chez tout le monde et nous faisons attention de "avec qui" nous mangeons. Je me souviens que lorsque je mangeais avec des collègues que je n’aimais pas ou bien que je mangeais de la nourriture de quelqu’un qui ne m'apprécie pas (dans une cantine où le chef n’aime pas les végétariens), je me sentais particulièrement lourd après mon repas. 


Le plaisir de manger

Le dernier conseil que je souhaite donner pour ce podcast-ci est de ne pas en faire trop, mais d’avancer sereinement sur ce chemin sans se forcer ou se prendre la tête. Il n’y a rien de pire que d’être obsédé par la qualité de la nourriture et de ne pas prendre du plaisir à manger. 


 Attention, ne prenez en aucun cas ces informations pour des conseils personnalisés. Rien ne remplace votre propre expérience de vous-même. 


Namaste ! 

Philip RIGO 

www.mitra-yoga.be 

Votre snippet dynamique sera affiché ici... Ce message est affiché parce que vous n'avez pas défini le filtre et le modèle à utiliser.
Partager cette publication
Trop de blessures dans le Yoga d'aujourd'hui : pourquoi?