Aux origines du Yoga avec Patañjali (version podcast)


Aux origines du Yoga avec Patañjali (version podcast)


Texte à écouter sur Spotify : 


https://podcasters.spotify.com/pod/show/philip---mitra/episodes/Aux-origines-du-Yoga-avec-Patajali-e2fh9rt



Aujourd'hui nous allons aborder un personnage spécial dans la philosophie du yoga. Nous connaissons le Yoga aujourd’uhi par les quelques postures que l’on voit sur les réseaux sociaux, souvent pratiquées par de jolies femmes ou par un beau garçon bien musclé avec un T-shirt un peu large etc. Ceci nous éloigne un peu de l'intention globale du Yoga. Retournons aux origines du Yoga avec Patañjali, un sage indien essentiel. On le situe plus ou moins au début de notre ère, la datation précise est un exercice toujours compliqué en Inde, mais  c’est l'époque d'une grande spiritualité dans le monde : Patañjali en Inde par exemple, Jésus en Palestine, le Bouddha, Lao-Tseu en Chine,…  Patañjali signifie celui est est arrivé  (PAT) pour aider la personne qui souffrait et qui priait (en ayant les mains en añjali). Il est souvent décrit comme ayant une forme à moitié humaine et une autre forme de serpent. Parfois c'est la tête qui est le serpent et parfois c'est le bas du corps. La tête parfois décrite comme un gros capuchon de cobra venant recouvrir une tête humaine ou bien elle prend la forme de milliers de petites têtes de serpent.


Le serpent symbolise de grandes qualités et nous pouvons notamment voir cela aujourd'hui dans les symboles des pharmacies, le caducée, dans lequel un serpent s’enroule autour d’une baguette de laurier.  C’est donc un symbole de soins et de guérison, le serpent est une métaphore de l'énergie et le Yoga est avant tout une discipline qui consiste à stabiliser et à renforcer notre énergie personnelle. Cette métaphore nous renvoie aux pratiques médicinales traditionnelles asiatique, chinoise, coréenne ou tibétaine, dans lesquelles la qualité de la circulation énergétique joue un rôle majeur dans la santé. 


Il arbore souvent d’autres attributs importants. Sur sa main droite, une roue construite grâce a l'énergie du soleil. Elle symbolise la lumière, elle est là pour protéger le pratiquant de Yoga des énergies négatives. Sur l'autre main, une conche - gros coquillage dans lequel on souffle et qui fait un son ressemblant vaguement à une trompette - symbolisant le son de l’enseignement. Dans certaines représentations il a une troisième main tenant un texte symbolisant le Savoir ou bien une épée qui consiste à couper les obstacles qui sont liés à notre passé et qui nous empêchent d'avancer clairement dans le présent.



Patañjali a composé les Yoga-Sûtra. On ne peut pas dire qu’ils ont été ont été écrits puisque l'enseignement a toujours été sous forme d’une tradition orale en Inde. Ils rassemblent toutes les connaissances et toutes les pratiques de Yoga de l’époque pour en faire un manuel permettant de rassembler un professeur et son élève pour une longue durée. De cette manière, le professeur explique chacun des aphorismes - sûtra - et donne son interprétation et son commentaire, l’élève, lui, essaye de comprendre ce qu’ils signifient. C’est-à-dire qu’il  essaie de le retenir par coeur en le chantant, mais également qu'il essaie de le comprendre grâce à sa pratique personnelle de Yoga.  Il tente d’en saisir l’essence et de l’intégrer d’une manière qui n’est pas uniquement intellectuelle. En fait, il essaie de le comprendre avec son Coeur. 


Les sûtra contiennent quatre chapitres et Patañjali est connu pour avoir 4 élèves. Il y a un chapitre pour chaque élève. Chacun des élèves est différent, c'est pour cela qu'il y a quatre chapitres. L’enseignement du Yoga est toujours adapté à l’élève et à son stade de développement. Le Yoga ne peut donc pas s’apprendre d’une manière formatée. Il faut donner à chaque élève ce qu’il peut comprendre et ce qui peut le faire avancer. 



Le premier chapitre s’adresse à un élève très impliqué dans la dévotion et qui explique quelles sont les grandes étapes de transformation de cet élève. Le deuxième chapitre est celui qui nous intéresse le plus puisqu’il s’adresse à des personnes relativement instables, voire carrément instable, qui souffrent et qui ont du mal à se dégager du temps pour pouvoir pratiquer réellement comme il le faudrait. C'est un chapitre fantastique dans lequel on parle des différentes sources de souffrance de l’humanité. L’une d’elle est l’Ego. Il y a aborde aussi la théorie du Karma, autrement dit, nos actions et leurs conséquences. Il y décrit également quelque chose très important pour nous, qui s’appelle l’Astânga-Yoga. C’est un Yoga très global dans lequel Patañjali aborde les relations que nous avons avec les autres, avec nous-mêmes, il aborde également la pratique de posture, la maîtrise du souffle, la maîtrise des organes de sens et puis de la méditation de la maîtrise des organes des sens et la méditation dans son ensemble.  Le troisième chapitre s'adresse à quelqu'un qui a déjà un mental très stable et qui va pouvoir explorer toutes les grandes potentialités que peut offrir le Yoga à quelqu'un qui a déjà un mental stable. C’est la suite du second chapitre.  Le quatrième, le dernier, est le plus court. C’est le chapitre de la libération ce chapitre c'est le plus court et il s'adresse au meilleur élève parce que c'est celui qui n'a pour objectif que de se libérer, il n'a aucun autre objectif. Il y aborde le poids de notre inconscient de nos mémoires passées, de nos expériences passées et à quel point si on n'y travaille pas réellement on est conditionnée par elles. 


En plus d’être un expert en Yoga, Patañjali a aussi écrit un traité d’Ayurvéda. L’Ayurvéda, la médecine traditionnelle indienne, est la petite sœur du Yoga.  Il a également, mais c'est moins connu, fournit un traité de grammaire qui est encore étudié aujourd'hui par les académiciens. Il a donc compilé trois traités sur les trois grandes dimensions humaines. D'un côté le corps, donc, avec la médecine, d’un autre, le mental avec le Yoga et enfin la parole et le langage pour éviter les problèmes de communication entre les hommes.


Patañjali n’est pas connu depuis longtemps chez nous. Mais aujourd’hui, déjà, les sûtra font partie de presque toutes les formations de professeur de yoga du monde. Nous pourrions maintenant rentrer dans une seconde phase dans la propagation du Yoga en allant plus loin dans l'explication et la compréhension des Yoga-Sûtra. Ils sont en fait l’objet d’une très grande tradition de commentateurs indien, de très grands pratiquants qui ont très très bien compris le yoga, et qui nous l'expliquent d'une manière magnifique. Le premier d’entre-eux de Vyâsa. Il y a aussi Vacaspati Mishra, Vijñâna-Bhikshu, Bhoja et Krishnamacharya, notamment.


Ils étaient des génies du Yoga, ils nous éclairent vraiment d'une manière magnifique sur les concepts des sûtra. J’espère que nous pourrons aller plus loin dans la compréhension en profondeur du Yoga comme étant un système de spiritualité et de découverte de Soi.


La personne de Patañjali correspond d’ailleurs vraiment très bien à l’idée que le Yoga est une tradition de découverte de Soi et une tradition spirituelle. La tête de serpent qui correspond aux énergies, le fait d'avoir plusieurs chapitres pour s'adapter à plusieurs personnes plusieurs élèves en fonction de leur potentiel mais aussi en fonction de où ils sont arrivés, le disque solaire pour protéger les personnes qui pratiquent, la conche pour symboliser l’enseignement. Tout ceci montre bien qu’avec Patañjali, nous sommes infiniment plus loin dans le Yoga que simplement dans la pratique de quelques postures.


Merci d’avoir écouté ce podcast, si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter mon site internet : www.mitra-yoga.be


Namaste 


Philip RIGO

dans Blog
Le Lion à travers la porte aux lions
Sir TKV Desikachar raconté par son fils (traduit par Philip Rigo)